3 septembre 2025

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L’aviation est à l’aube d’une transformation que peu d’industries connaissent après seulement un siècle d’existence. La mobilité aérienne avancée (MAA) ne se limite pas à l’arrivée d’un nouvel appareil ou d’une technologie isolée, c’est un basculement systémique, comparable à l’arrivée du jet commercial dans les années 1950 ou à l’essor de l’aviation régionale low-cost dans les années 1990.

Contrairement à ces transitions fondatrices, la MAA s’étend bien au-delà du transport de passagers, elle touche la logistique, la santé, la défense, l’énergie, le tourisme et les services publics. Les prévisions sont sans équivoque : selon les cabinets, le marché mondial de la MAA atteindrait 250 à 300 milliards USD d’ici 2040, avec une croissance annuelle moyenne supérieure à 20 %. L’Amérique du Nord est particulièrement bien placée, avec un potentiel estimé à près de 30 % de ce marché, en raison de son écosystème industriel, ses vastes territoires et ses corridors logistiques déjà en tension.

Ce changement s’appuie sur une convergence unique de facteurs :  

  1. Sur le plan technologique, les dernières avancées en propulsion électrique, en hybridation et en hydrogène permettent de concevoir des aéronefs plus silencieux, plus propres et plus économiques que les hélicoptères pour une grande variété de missions. Aujourd’hui les autonomies atteignent 150 à 250 kilomètres, avec des coûts opérationnels réduits jusqu’à 40 % par rapport aux plateformes existantes.  
  2. Sur le plan réglementaire, les autorités civiles — Transport Canada, FAA, EASA — avancent vers des cadres certifiants communs qui permettrait les premières opérations commerciales eVTOL à grande échelle avant 2030.  
  3. Sur le plan sociétal, les pressions environnementales et la recherche de solutions intermodales propres créent un terrain propice à l’adoption, en particulier dans les villes confrontées à une congestion routière chronique et à des objectifs ambitieux de réduction des émissions. 

La MAA n’est pas un simple mode de transport de passagers.

Les applications les plus prometteuses, à court terme, se trouvent dans des secteurs où le gain de temps, la fiabilité et l’accessibilité génèrent un avantage compétitif immédiat :  

  • En santé, la possibilité de livrer un organe, un médicament thermosensible ou un échantillon critique en quelques minutes au lieu d’une heure peut sauver des vies et réduire les coûts hospitaliers.  
  • En logistique industrielle, l’acheminement juste-à-temps de pièces critiques évite des arrêts de production se chiffrant en centaines de milliers de dollars par heure.  
  • En énergie, l’inspection autonome de pipelines, de réseaux électriques ou de parcs éoliens offshore permet une réduction drastique des délais et des coûts d’entretien.  
  • En défense et en sécurité, la MAA devient un outil de surveillance, d’intervention rapide et de soutien logistique en zones difficiles d’accès.  
  • Même le tourisme et les loisirs explorent déjà des usages pour accéder à des sites isolés ou créer des expériences exclusives. 

Ces cas d’usage ne sont plus de simples concepts : 

  • À Zurich, le partenariat Swiss Post–Matternet a réduit le temps d’acheminement d’échantillons sanguins entre hôpitaux de 25 à 7 minutes.  
  • En Afrique de l’Est, Zipline a déjà livré plus de 14 millions de doses de vaccins et de médicaments dans des zones rurales.  
  • En Corée du Sud, plusieurs villes ont intégré la MAA dans leurs plans de transport urbain pour 2035.  
  • Dans le Golfe, des projets de vertiports sont inclus dans les plans d’urbanisme de nouvelles smart intelligentes.  
  • Au Canada, plusieurs aéroports régionaux et groupes hospitaliers explorent déjà la faisabilité d’opérations régulières par drones cargo. 

Pourtant, dans la majorité des organisations, la réflexion reste superficielle. On parle de MAA comme horizon lointain, alors que la fenêtre d’opportunité pour se positionner se joue maintenant. Les études de marché montrent que dans les industries émergentes, les 20 % d’acteurs qui se positionnent les premiers captent jusqu’à 60 % de la valeur à long terme. Ce n’est pas seulement une question de technologie ou de certification : c’est une question d’écosystème, de partenariats, d’influence réglementaire, de financement et de crédibilité. Les organisations qui s’impliquent tôt peuvent influencer les standards, structurer les corridors et sécuriser les meilleures positions dans les chaînes de valeur. 

Être “AAM Ready” ne signifie pas être prêt à opérer demain. Cela veut dire avoir clarifié son positionnement stratégique, identifié les cas d’usage prioritaires, évalué les modèles d’affaires viables, sécurisé des partenariats technologiques et opérationnels, anticipé la réglementation, préparé les infrastructures et, surtout, intégré cette dimension dans la planification d’investissement et d’innovation. C’est un exercice transversal qui ne peut pas être mené uniquement par un département d’ingénierie ou d’opérations. 

Chez Innovitech, nous accompagnons les organisations dans ce passage de l’idée au projet structuré.

Nous :  

  • Analysons les actifs, les contraintes et les opportunités propres à chaque organisation ;
  • Cartographions le potentiel MAA selon le secteur, la localisation, la chaîne de valeur et les tendances du marché ;
  • Priorisons les cas d’usage bancables, où la valeur est tangible et mesurable ;
  •  Structurons des projets pilotes capables d’attirer financement public, investissements privés et retombées industrielles, en mobilisant tous les leviers disponibles, y compris les obligations de retombées industrielles et technologiques (ITB/IRB) dans le secteur de la défense. 

Notre approche est écosystémique : nous connectons les acteurs publics et privés, des fabricants d’appareils aux opérateurs d’infrastructures, des municipalités aux investisseurs, en passant par les autorités réglementaires et les clusters d’innovation. Nous veillons à ce que chaque projet soit aligné avec les évolutions réglementaires canadiennes et internationales, pour éviter les erreurs de séquencement ou les investissements prématurés dans une technologie non certifiable. Et nous travaillons à l’intersection des filières industrielles, là où la mobilité aérienne avancée devient un levier transversal de compétitivité et de transformation. 

La mobilité aérienne avancée n’est pas une mode technologique, ni une curiosité pour salons aéronautiques. C’est une infrastructure émergente qui va remodeler la compétitivité des territoires, fluidifier les chaînes logistiques et redéfinir l’accès aux services essentiels. Les organisations qui s’y préparent aujourd’hui ne se contenteront pas de suivre : elles fixeront les standards, influenceront la réglementation et capteront une part significative de la valeur. Les autres se contenteront de s’adapter aux règles décidées par d’autres. La question n’est pas de savoir si cette transition aura lieu, mais si vous serez prêt à en être un acteur de premier plan.  


Références